« Vivre la plus belle des émotions »

Publié le 07/05/2019

Le 7 Juin prochain face à la Corée du Sud, l’Equipe de France Féminine démarrera sa campagne de Coupe du Monde et se lancera à la poursuite de son rêve ultime : décrocher sa première étoile ! Entraineur Adjoint de notre sélection et natif de notre région Bourgogne-Franche-Comté, Philippe Joly nous fait part de sa détermination et nous livre ses impressions, à un mois, jour pour jour, avant le début de cet incroyable évènement organisé sur le sol Français.

Philippe, comment on se sent à un mois du début de la Coupe du Monde ?

« Personnellement je me sens bien et impatient de pouvoir vivre des moments comme ça. D’un point de vue organisationnel, on se sent prêt à lancer la phase de préparation car beaucoup de choses ont été anticipées depuis le tirage au sort du mois de décembre. On a travaillé sur tous les scénarios possibles selon les impératifs des filles en clubs et en fonction des objectifs recherchés durant cette préparation. Par rapport à cela et d’autres composantes, nous nous sommes basés sur l’organisation de trois stages dont le premier débutera cette semaine. Nous n’aurons pas toutes les joueuses pour ce premier rendez-vous mais nous nous étions préparés à l’éventualité où certaines devraient jouer la finale de la Coupe de France (ndlr : disputée ce mercredi 8 Mai) et / ou la Finale de Ligue des Champions (Lyon rencontrera Barcelone le 18 Mai).

Dans cette planification, l’aspect le plus important pour nous était d’optimiser au maximum cette période entre la fin du championnat et le début de la Coupe du Monde. En d’autres termes, comment faire pour que les filles se retrouvent dans les meilleures conditions possibles et être en pleine forme pour le match d’ouverture le 7 juin prochain ? On ne va pas bruler les étapes en parlant de matchs à élimination directe, on recherche avant tout à réussir notre entrée et cette première rencontre, primordiale pour la suite de la compétition ».

Justement, comment va se décomposer cette période de préparation ?

« Nous avons une première période de régénération qui se terminera le 11 mai. A partir du 13, on attaquera une préparation classique avec une phase d’entrée basée sur du volume afin de pouvoir tenir sur toute la compétition et monter en puissance durant la préparation. Sur les derniers jours on parlera plutôt d’affutage, ce qui nous permettra d’être prêts sur toute la ligne pour le match d’ouverture.

Pour cette période, on sera à Clairefontaine, dans les meilleures conditions de préparation. A nous désormais de bien travailler et aux filles de bien s’investir, mais je ne me fais aucun souci là-dessus ».

La France se retrouvera dans un groupe composé de la Corée du Sud, de la Norvège et du Nigéria. Suite à vos observations, que peux-tu nous dire sur ces trois adversaires ?

« Il faut savoir que nous avons réalisé une observation sur les vingt-trois équipes de la compétition. Notre stratégie depuis le mois de décembre était d’avoir une base de données sur chaque adversaire potentiel que ce soit sur leurs animations offensive / défensive, les individualités, les stratégies sur coups de pied arrêtés et bien d’autres paramètres.

Bien sûr, il y a eu un focus un peu plus particulier sur les trois équipes de notre groupe. Notre premier adversaire, la Corée, est une équipe invaincue face aux autres formations de son continent. Son jeu est essentiellement axé sur des courses, de la possession et de la maitrise du ballon.

Elle compte également des individualités très fortes dont SOYUN JI que j’ai pu observer avec Chelsea contre le PSG et Lyon en Ligue des Champions. C’est une joueuse qui a beaucoup de facilités à animer le jeu.

La Norvège, elle aussi, aime avoir le ballon et peut compter sur certaines individualités très performantes. Elle se base beaucoup sur du jeu combiné, entre les lignes, avec du mouvement sur les côtés et des phases de transition vers l’avant très rapides.

Enfin, le Nigéria, champion d’Afrique, a un jeu assez athlétique et surtout construit sur les transitions. Elles récupèrent le ballon et cherchent à aller de l’avant très rapidement, par des courses, des duels remportés.

On se doit de rester très vigilant par rapport à tout cela car les données peuvent être différentes entre ce que nous avons vu en préparation et le jour de la compétition. La réalité peut être totalement autre dans l’état d’esprit, l’engagement et la détermination par exemple. Toutes ces données doivent néanmoins nous permettre de trouver les meilleures solutions pour mettre en place notre philosophie de jeu ».

La liste des 23 a été dévoilée la semaine dernière avec deux belles surprises pour notre Ligue : Elise Bussaglia, joueuse du Dijon FCO Féminin et Solène Durand, originaire de Varennes-le-Grand. Quel regard portes-tu sur nos deux « régionales » ?

« Elise c’est surtout la maturité et la classe. Après un début de saison un peu compliqué à Barcelone, elle a pris l’option de revenir en France pour se donner les chances de jouer la Coupe du Monde. Une chance qu’elle a su saisir en venant à Dijon pour retrouver du temps de jeu, des sensations qu’elle avait peut-être perdues lors de ses six derniers mois en Espagne. Avec nous, elle répond totalement à nos attentes et a aussi un vécu important avec l’Equipe de France et des participations à la Coupe du Monde, aux Jeux Olympiques et au Championnat d’Europe. Elle fait clairement partie de nos cadres.

Solène, elle, est une excellente gardienne qui réalise une très bonne saison à Guingamp. Elle a permis à son équipe de gagner des points importants, participant ainsi activement au maintien de son équipe. Quand on connait le poste parfois particulier d’une gardienne de but, on ne peut que la féliciter. Solène c’est aussi quelqu’un de nature, qui aime partager, fédérer autour d’elle, capable de véhiculer des valeurs et des effets positifs chez les autres. Et puis, étant originaire de la région, je suis content d’être accompagné dans cette aventure par une autre Burgo-Comtoise (rires) ».

Un dernier mot sur les objectifs attendus sur cette Coupe du Monde ?

« On a conscience de toutes les attentes qu’il y a autour de nous et, très honnêtement, si les filles en sont là aujourd’hui, avec ce maillot bleu sur les épaules, c’est pour vivre des émotions de vainqueur. En famille, entre amis, au travail, on cherche toujours à vivre de belles émotions, donc si on peut accrocher la plus belle, c’est parfait ».

Par Ludovic CANE

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