Voyager, arbitrer

Publié le 30/12/2019

Samuel Mouthon ne vous dira pas le contraire : l’arbitrage est un magnifique passeport pour partir à la découverte du monde. Pour notre jeune arbitre de la section du Lycée Fourier (Auxerre), son vol l’a fait atterrir en terres Ivoiriennes où l’attendait les prestigieux Jeux Scolaires et Universitaires… mais pas que.

Ses excellentes prestations lors des derniers championnats de France Minimes Excellence en Juin 2019 lui ont donc valu cette magnifique désignation internationale, lors des traditionnels Jeux Scolaires et Universitaires, organisés du 8 au 15 Décembre à Yamoussoukro (Côte d’Ivoire). Tout juste revenu de son périple, Samuel nous raconte son incroyable séjour sur le continent Africain.

Samuel, comment se sont passés tes jeux scolaires et universitaires ?

« Très bien. La délégation française et moi-même avons démarré ces jeux par de la formation théorique et pratique auprès des 26 arbitres Ivoiriens présents à cette compétition. Ils étaient curieux, très pointilleux et surtout plein d’énergie. Nous avons répondu à leurs questions et beaucoup échangé durant cette journée de formation, ce qui nous a permis de tisser des liens ensemble.  

Concernant la compétition en elle-même, j’ai eu la chance d’arbitrer quatre finales au centre. Le niveau sur le terrain était assez hétérogène mais l’envie et l’impact que mettaient les joueurs étaient du jamais vu ! Il faut dire qu’avec au moins 1000 spectateurs dans les tribunes, il y avait de quoi se donner au maximum ».

Sur cet aspect sportif, as-tu une anecdote à nous raconter ?

« Lors de la dernière journée de compétition, j’ai été désigné au centre pour arbitrer la toute dernière finale qui opposait deux universités Ivoiriennes. Ce match était clairement attendu par toute la ville.

Au coup d’envoi, bien plus de 1000 personnes étaient présentes. Mais le nombre de spectateurs croissaient à une si grande vitesse, que nous avions dû doubler le nombre de spectateurs à la mi-temps !

L’enjeu était, certes, immense mais les joueurs arrivaient tout de même à produire du beau jeu, sous les cris et les encouragements de tout le public. Le moment le plus incroyable est intervenu en toute fin de match, lorsque je siffle un pénalty et exclu un joueur pour avoir empêché un but d’être inscrit en dégageant de la main. Il y avait 0-0 à ce moment-là et, en tournant la tête, je vis l’énorme tribune se vider, provoquant l’envahissement du terrain par plus de 2000 personnes. Il a bien fallu quelques minutes pour que tout le monde regagne sa place et que le pénalty puisse être tiré.

A peine le pénalty tiré et marqué, nouvel envahissement du terrain pour fêter ce but de la victoire, puis un troisième envahissement au coup de sifflet final, laissant place des scènes de joie et de liesse général sur la pelouse. Escorté par la sécurité, je suis monté rejoindre la délégation française. Tout était allé tellement vite que je me suis rendu compte qu’à ce moment précis de la rareté et de la magie qui étaient en train de se produire ici ».

Hormis le foot, d’autres facettes du sport ont été au programme ?

« Lors de notre dernier jour sur place, nous avons participé au Cross qui venait lancer la nouvelle saison. Avec 4000 athlètes sur chacune d’entre elles, deux courses de 10 km et 5 km étaient au programme, sous un soleil de plomb et 31 degrés au thermomètre.

 Notre délégation participait au parcours du 5 km, où, sur une route qui grouillait de participants, de nombreux coureurs se retrouvaient au sol dès le top départ.

Puisque la vie continuait tout autour de nous pendant l’épreuve, je passais parmi les voitures, camions et enfants pour revenir à hauteur du deuxième groupe de course qui poursuivait les deux leaders.

A l’image de cet ivoirien de notre peloton qui a dû abandonner après avoir une pris une voiture en pleine course, le chemin était dangereux mais personne n’était décidé à abandonner. Au bout du compte et dans un dernier effort lors du sprint final, j’ai eu l’honneur de terminer à la 13ème place, sur les 4000 athlètes inscrits ».

As-tu eu le temps de visiter Yamoussoukro et ses environs ?

« Bien sûr et ce, dès notre arrivée à Abidjan où j’ai eu l’incroyable honneur d’être interviewé sur la première chaîne de télé Ivoirienne (RTI 1). La traversée de la capitale a été émotionnellement très forte avec les bidonvilles, les marchands ambulants qui traversent les routes en prenant d’énormes risques pour vendre le moindre petit objet et le paysage coloré qui m’a laissé bouche bée.

A Yamoussoukro, nous avons notamment visité la basilique Notre-Dame de la paix. Cet édifice, situé sur les hauteurs de la ville et niché dans un parc de sept hectares, est composé de magnifiques pièces, remplies d’histoires, de voyages et d’anecdotes.  Je pourrais vous citer bien d’autres choses mais, de manière générale, je dirais que la Côte d’Ivoire regorge de merveilles que nous avons pu, pour la plupart, entrevoir durant nos trajets ».

Quel est le souvenir le plus marquant ?

« Assurément, la visite d’un petit village à proximité de Yamoussoukro où nous avons, dès notre arrivée, rencontré des tisserands, dont des enfants de dix ans qui maniaient des machines faites de bois et de pierres pour fabriquer des tapis, des nappes ou encore des habits.

Dans la continuité, nous avons vécu un moment très fort en allant à la rencontre des plus jeunes, à l’école du village. Impossible de s’attendre à ce qui allait arriver. Une centaine d’enfants sortait de l’école en criant, sautant et courant sur nous. Je pense que personne ne se rendait compte de ce que nous étions en train de vivre à ce moment-là, mais nous étions entourés de tous ces enfants innocents, qui voyaient sûrement des français pour la première de leur vie. Un Instant très intense en émotions qui restera dans nos mémoires à tout jamais.

Nous y sommes retournés deux jours plus tard pour leur donner de nombreuses dotations importées de France (ndlr : maillots, chaussures, plots etc…). Ce fût encore une belle leçon de vie que de voir ces enfants si heureux de recevoir tous ces cadeaux ».

Si tu devais résumer ton voyage ?

« Ce fût une incroyable aventure humaine et sportive. Comme toute la délégation, j’ai été extrêmement heureux d’avoir vécu aux côtés des habitants ivoiriens qui, sans le savoir, m’ont ouvert les yeux sur énormément de choses ».

Par Ludovic CANE

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